Le premier habitant et roi selon la tradition, est Inopion, le fils de Dionysos ou de Thisseus et Ariane, qui venu de Crête, enseigne aux gens du pays l’art de cultiver les vignes. Le nom de Chios vient de Chiona, qui était la fille d’Inopion. Cependant, selon Ion, le nom vient de Hios, le fils de Neptune dont la naissance a provoqué d’importantes chutes de neige (hioni) sur l’île. Selon une troisième hypothèse développée par l’historien Isidoros, le nom Chios viendrait des phéniciens et, signifie en langue syrienne, le “mastic”. L’île a aussi porté d’autres noms, qui se sont perdus avec le temps, tels que Pitioussa (en raison de ses pins), Makris en raison de sa forme (Makri = long), Aethalea (en raison de son volcan) et Ofioussa (en raison des nombreux serpents = ofis).
On raconte qu’au 9iè,e siècle avant Jesus Christ, furent composés sur l’île les deux poèmes épiques les plus célèbres au monde : l’Illiade et l’Odyssée oeuvres du poète habitant de Chios aveugle Homère. Ces poèmes épiques regroupent les légendes relatant les aventures des héros Grecs qui prirent part à la guerre de Troie. L’auteur lui même est peu connu. Ainsi il n’est pas certain qu’il soit réellement l’auteur de ces Oeuvres. Certains vont même jusqu’à mettre son existence en doute, malgrès le fait qu’il y a 2500 ans à Sparte on lisait des poèmes rédigés par un homme dénommé Homère. Une des raisons du manque d’information à son sujet est le fait qu’à l’époque les poètes se déplaçaient de villes en villes, récitant leurs oeuvres pour un peu de nourriture ou pour un rétribution. les rois recevaient et écoutaient souvent ces aèdes. On dit même qu’Alexandre le grand dormait avec à son chevet l’Iliade et l’Odyssée dans une boîte dorée. Les poèmes Homériques furent imités et, de nos jours, traduits dans la plupart des langues parlées.
Des recherches archéologiques (Agio Galas et Emporios) montrent que l’île est habitée depuis 6.000 av. J-C.
En ce qui concerne la ville même de Chios, des marques antérieures aux premières colonisations ioniennes montrent que des Ioniens du continent ont habité Chios vers 1000 av. J-C. et l’ont développée jusqu’à devenir l’une des plus grandes villes des temps antiques.
Les habitants de Chios font fortune grâce au transport de marchandises, mais également par le commerce de leurs propres productions industrielles et agricoles. Le mastic n’est pas la seule source de richesse. Au 16ème siècle, Chios est une grande ville, dont on estime la population à 60.000 – 80.000 habitants, sans compter les esclaves.
Quand Chios devint membre de l’alliance athénienne, c’est en tant que peuple libre et indépendant. La guerre du Péloponnèse fut précédée d’une période de cinq ans de paix et de croissance.
Après sa destruction la ville est reconstruite et les habitants développent fortement le commerce maritime, l’industrie et la production de vin, accumulant les richesses sur l’île et engendrant un luxe extrême caractéristique du niveau de vie de cette période. Athineos mentionne que les habitants de Chios étaient célèbres pour leur cuisine et leurs chefs étaient très recherchés. De même, Thoukidides caractérise les habitants de Chios comme étant “les Grecs les plus riches” et fait l’éloge l’état de leur ville.
Lorsque la guerre de Péloponnèse commence, et les habitants de Chios combattent d’abord aux côtés des Athéniens. Mais après leur défaite en Sicile, ils désertent et apportent leur soutien à Sparte. Les Spartiates imposent alors le “dekarhia” (dix tyrans) et Chios subit une fois encore les vices de la tyrannie et de la violence.
Les habitants de Chios perdent tous leurs bateaux, qui furent alors donnés alors aux Spartiates. Ils regrettent très amèrement leur défection des Athéniens. Le déclin financier que connaît la Grèce entre la fin du 7ème et le 10ème siècle, affecte également l’île.
La dernière occupation de l’île par les habitants de Gênes en 1346 amène une nouvelle ère. Mais depuis 1566 les Turcs remplacent les Génois et restent à Chios pendant 350 ans (1566 -1912).
En 1821, la Grèce entame sa révolution contre l’empire Ottoman. Après 400 ans d’esclavage sur leur propre terre, les Grecs rassemblent leur force et combattent pour leur indépendance. A ce moment Chios ne prend pas part au soulèvement car les habitants sont pacifiques et consacrent leurs vies à la culture du mastic. Ce produit est principalement vendu au Sultan, qui accorde en retour des privilèges aux habitants de Chios, comme un esclavage moins dur que dans le reste de la Grèce.
Sans tenir compte de ces privilèges, les habitants de Chios restent fiers et rebelles devant l’empire de Ottoman. En mars 1822, Likourgos Logothetis, venu de Samos, mène son armée de 2.500 hommes et conquiert la garnison turque.
Lorsque le Sultan l’apprend, il mandate son premier commandant Kara-Ali et sa flotte, pour envahir Chios et punir ces habitants. Kara-Ali débarque alors avec 7.000 soldats et massacre la majeure partie des habitants de Chios. Non seulement les habitants de Chios ont souffert de l’armée barbare d’Kara-Ali mais ils ont également subit la punition brutale de l’armée ottomane qui a frappé l’Asie Mineure.
Pendant une courte période, la catastrophe frappe la belle île d’Egée et les résidants sont abattus ou faits prisonniers pour être vendus par la suite comme esclaves. Sur une population de 100.000 Grecs, seulement 40.000 ont pu fuir vers les îles voisines, mais ceux qui ont choisi les montagnes ont du quitter l’île par la suite. Vers la fin août la population de Chios est descendue à 3.000 personnes. .
Les nouvelles du massacre barbare atteignent très rapidement le reste de la Grèce et les pays voisins de l’Europe. C ‘est seulement alors que les nations du monde entier comprennent l’importance et la justification de l’indépendance de la Grèce face à l’empire Ottoman.
Puisque les Grecs ne peuvent arrêter la destruction de l’île de Chios par Kara-Ali, ils désignent Constandinos Kanaris, courageux commandant naval venu de l’île de Psara pour mener à bien une mission vengeresse.
La flotte ennemie, après avoir détruit Chio, était toujours ancrée dans le port de l’île. Et comme les vacances musulmanes coïncidaient avec la destruction de Chios, le commandant et les marins ottomans étaient restés sur leur navire pour les célébrer.
Le 4 juin 1882, Kanari, avec un autre commandant, Pipino, quittent de l’île de Psara avec leurs navires. Karani encercle alors la flotte de Kara-Ali et Pipino, la flotte inférieure. Aprés avoir jeté l’ancre et mis le feu à leurs bateaux, ils les abandonnent et voguent vers le rivage en toute sécurité dans de petits bateaux de secours.
Les bateaux ennemis remarquent à temps la flotte de Pipino pour éteindre l’incendie. Celle de Kanaris étant en flamme et assez proche, les bateaux ennemis prirent feu et commencèrent à exploser comme des feux d’artifice. Cette victoire coûta 1600 vies.
Ce succès encourageant redonne alors la force aux Grecs de combattre avec ardeur et conviction pour leur indépendance. Mais malgré cela Chios, qui tente de reconstruire son économie, demeure sous l’occupation turque.
Lorsque la guerre des Balkans éclate le 11 de novembre 1912 Chios est enfin libérée et rattachée au territoire grec. Mais le 4 mai 1941 Chios fut prise par les Allemands et donc à nouveau sous occupation étrangère. Durant cette invasion qui prit fin le 10 septembre 1944, les habitants de Chios ont héroïquement résisté.